Suite au retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, le département du Trésor américain a annoncé qu’il allait rétablir les sanctions économiques concernant l'Iran d’ici 3 à 6 mois. En application du droit américain, toute entreprise, américaine ou non, qui passera outre, ne pourra plus exercer son activité aux Etats-Unis et risquera des amendes prohibitives. Hier encore, le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a affirmé que les entreprises européennes qui feront affaire en Iran dans des secteurs interdits par les sanctions américaines « seront tenues responsables ».
Le 15 mai dernier, j’ai interpellé le Ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, sur cette atteinte inacceptable à notre souveraineté et à nos intérêts nationaux, afin de rappeler que si les sanctions américaines devaient s’appliquer à nos entreprises, ce serait une menace économique inacceptable et une atteinte directe à notre souveraineté et à nos intérêts nationaux.
Vendredi dernier, la Commission européenne a décidé de recourir à une loi dite de « blocage » édictée en 1996, afin de neutraliser les effets extraterritoriaux des sanctions américaines. Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a également annoncé que la Banque européenne d’investissement (BEI) aurait pour mission de faciliter les investissements des entreprises européennes en Iran.
Ces mesures vont dans le bon sens mais elles seront trop modestes pour lutter à armes égales avec la justice américaine.
Le règlement de blocage, édicté il y a plus de vingt ans pour faire face à l’embargo sur Cuba, doit être renforcé et adapté aux nouvelles réalités économiques. L’Union européenne doit se doter d’outils de financement autonomes et souverains qui dépassent la seule action de la BEI. Au niveau diplomatique, tout doit être tenté pour que des exemptions ou des délais soient trouvés pour les entreprises européennes.
Mais c’est bien en affirmant sa souveraineté économique, en faisant de l’euro une monnaie internationale de transaction et de réserve, en adoptant une véritable stratégie commune de défense de ses intérêts industriels et commerciaux que l’Union européenne fera entendre sa voix. La souveraineté économique européenne n’est plus une option, c’est une urgence.
Emmanuel Capus
Délégué national Agir – la Droite constructive