Femme libérée

Le calendrier est décidément très bien huilé : si Halloween est aux frissons, quand Pâques est aux tisons, il n'y a pas que Noël qui soit au balcon...

Il y en a du monde qui s'y bouscule, depuis 1977, chaque année, en cette Journée internationale de la femme, le 8 mars.

Un monde qui devient alors le push-up éphémère de celles qui continueront à galèrer le 9 au matin...

Un monde qui ruminera, ressassera et déplorera ce même monde où perdurent les inégalités de toutes sortes, des inégalités bonnet D, au moins.

Car être une femme libéree, tu sais, c'est pas si facile, même dans notre démocratie exemplaire.

Sur 144, la France se retrouve 17ème au classement des pays les plus performants en terme d'égalité hommes femmes (chiffres 2016) : cela valait bien la peine d'avoir été la patrie de Louise Labbé, Flora Tristan, Coco Chanel ou Simone Veil...

Et pourtant, il existe des solutions, des pistes.

On reviendra toute la sainte journée sur les inégalités salariales : pourquoi ne pas revenir sur la proposition de Frédéric Lefebvre, alors député,qui militait pour un droit opposable et immédiat à l'égalité de salaire entre les femmes et les hommes sur leur lieu de travail ?

On s'appitoiera sur ces femmes sans domiciles qui se débattent pour vivre un jour après l'autre dans la rue et aussi – double peine- pour se préserver des autres défavorisés, sur lesquelles on s'appitoie deux bonnes semaines par an, qui sont souvent accompagnées d'enfants : proposons un plan de construction de logements d'urgence pérennes, dans des micro cités à taille humaine réservées à ces familles. Des « Cités des Amazones » en quelque sorte.

Qui pourraient d'ailleurs être aussi attribués aux mères, chefs de familles monoparentales, qui forment depuis très peu de décennies une nouvelle catégorie sociale, et qui ont besoin d'être encore plus épaulées quand elles sont en pleine mutation professionnelle : réfléchissons à la nature d'un filet de sécurité pour celles qui créent une entreprise, qui changent de vie avec leurs enfants.

Ce sont certainement les premières qui bénéficieront de La proposition de loi « don de jours de repos pour les aidants » initiée par le député Paul Christophe.

Suivons l'exemple d'Olivia, la fondatrice de l'association « Moi Et Mes Enfants », qui déploie des trésors de créativité pour remédier à l'isolement et à la fatigue...

On dénoncera l'agression de deux jeunes femmes en couple, dans le RER en février dernier, assortie d'un « Putains de lesbiennes »... Et si une éducation humaniste se substituait à l'idéologie brutale imposée dans les écoles d'un précédent ministère ?

On saluera les mini avancées sur les podium des couturiers, où la "Charte sur les relations de travail et le bien-être des mannequins", rendue publique en septembre dernier, proscrit la taille 32... (leur dire qu'il y a des femmes qui n'ont jamais fait de 32, même dans leur tendre jeunesse...)

Répétons aux jeunes filles qui culpabilisent d'avoir un physique différent, aux aînées, un age différent, à toutes, des plaisirs gourmands différents, qu'elles seront aimées pour ce qu'elles sont !

Que les dictatures de la norme, de la soumission et du fatalisme qui s'exercent essentiellement sur les femmes ne sont pas inéluctables.

Car soudain, elles transgressent, elles balancent !...

Elles se libèrent de leur« porc » pour certaines -et lorsque l'on prend la peinede lire les dizaines de premiers tweets qui font le récit de traumatismes, de violences, d'humiliations et de blessures, on est frappée par leur sincérité, leur courage et par la délivrance de cette verbalisation -tandis que d'autres revendiquent leur droit à être « importunées », et même « oportunée »...

Rappelons-nous que le viol a aussi été une arme de guerre au Darfour.

Affirmons ici que l'on peut concilier respect et galanterie ! Courtoisie et gauloiserie qui sait... si l'on a un esprit bien fait et des limites bien posées.

Et d'autres encore les élevent, les porcs, ces agricultrices, dont il sera question dans les débats de ce 8 mars 2018, qui tentent de survivre, au sens propre, espérant le soutien de leurs représentants au Parlement européen.

Elles balancent leur voile, ces Iraniennens admirables, alors que l'indifférence a repris ses quartiers de printemps.

Elles se libèrent d'un symbole politique que des hommes leur ont plaqué sur les cheveux en 1979, deux ans après la première journée internationale de la femme...

Alors être une femme, libérée des corps constitués et des mains aux fesses, des normes et des formes, des silences et des sifflets, des attitudes et des habitudes, c'est déjà plus facile en prenant véritablement la parole et en participant vraiment à l'élaboration de notre société,.

Au-delà des questions de parité, commençons par le monde politique : faisons émerger des femmes engagées de la société civile, valorisons le mérite et contruisons – toute l'année- ce qui transformera le pays de manière réellement collaborative.

Francine Girond, éditrice, auteur et enseignante, membre de Agir

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"Égalité salariale : pour un droit opposable immédiat !"

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